Retraites, ce qui risque de les emporter est la remise à jour d'un ouvrage de Pierre-Gilles Bellin, paru en 2008 aux Editions De Vecchi, Les retraites en Europe. A l'époque, le grand débat portait sur l'âge de la retraite, et si celle-ci devait ou non intégrer une part de capitalisation : il était donc intéressant d'aller voir chez les voisins européens. Mais quinze ans ont passé. Il y a eut la crise américaine des subprimes, en 2008, qui nourrit une dette, certainement illégitime, que nous payons encore. Puis il y a eu le Covid. Puis l'intensification de la guerre en Ukraine (fin février 2022) ! Tout cela fragilise les économies et, par les mécanismes que démontre le livre, les retraites elles-mêmes. Puis il y a eu le souhait de Monsieur Emmanuel Macron d'unifier tous les régimes de retraites. Réforme managériale, technocratique, elle a su jusqu'à présent esquiver le débat démocratique (en la passant en force à l'Assemblée nationale). Car elle a su faire passer de simples postulats pour de grands édifices théoriques. Démonstration qui n'est que d'autorité. En dénonçant les Régimes spéciaux, elle a su diviser pour opposer une vision qui fait litière des progrès sociaux mis en place par le Conseil nationale de la résistance, en 1943. Cela est très grave, car la réforme obvie également des Droits économiques et sociaux présents dans le Préambule de la Constitution de 1958. Elle expulse des partenaires sociaux traditionnels, sortis de tout dialogue. Elle crée une usine à gaz comptable où les retraités ne peuvent pas être gagnants. Enfin, elle manque d'une imagination cruciale, à l'heure où il y a de moins en moins d'actifs pour payer les retraites. 1,3, sachant que ce sont "les actifs de l'année qui paie les retraites de l'année". Ainsi cette reforme dévoile, de manière magistrale, une façon d'imposer un Nouvel ordre social, celui d'individus dispersés face à un état omniprésent. Mais, hélas, non omniscient. Ce livre, en même temps qu'il vous met en main les clefs d'une compréhension globale et historique du système, vous permet de savoir à quelle sauce vous serez mangé. S'il est objectif, et en tant que tel un vrai manuel pratique, il est aussi un cri d'alerte. Celui d'Homo Oeconomicus, alias Pierre-Gilles Bellin, contre ce que les grands intérêts économique cherchent à nous imposer. De manière maladroite, inexpérimentée, presque naïve. Mais comme un hold-up assumé. Mais n'en remettant pas moins en cause tant des acquis démocratiques que ceux de cette éthique compationnelle qui est à la base de l'état providence : il faut un revenu décent à ceux qui n'ont plus de force de travail. C'est un dû. Une